USA: A la Maison Blanche, les équipes de Donald Trump désemparées
Face à un président qui n'a de cesse de se mettre dans des situations délicates, les conseillers de la Maison Blanche ne savent plus vraiment comment le défendre et s'inquiètent pour leur avenir, raconte le New York Times.
Ambiance tendue à la Maison Blanche. Alors que Donald Trump enchaîne les bourdes, le personnel de l’aile ouest, qui se retrouve comme assiégé dans le bâtiment présidentiel, est pour le moins décontenancé, raconte le New York Times. Déjà critiqué pour avoir limogé sans ménagement James Comey, le patron du FBI, et divulgué des informations confidentielles au chef de la diplomatie russe, Donald Trump est depuis mardi soir également accusé d’avoir demandé au même James Comey, juste avant qu’il ne lui montre la sortie, de mettre fin à ses investigations sur Michael Flynn, son ex-conseiller à la sécurité nationale.
«L’attrait du président pour le chaos, allié à son peu d’égard pour le respect des règles qui encadrent sa fonction ont laissé ses équipes confuses. Selon deux conseillers qui ont souhaité garder l’anonymat, le président lui-même est devenu amer et sombre et se retourne contre ses équipes – y compris son gendre, Jared Kushner – les décrivant, en furie, comme incompétentes», écrit ainsi le New York Times.
Pour ne pas arranger les choses, des bruits courent à la Maison Blanche, selon lesquels Trump s’apprêterait à procéder à un grand remaniement, en commençant par la démission (ou du moins la réaffectation) de Sean Spicer, son responsable presse. «A la fin de la journée de mardi, il semblait que M. Spicer ait, pour le moment, survécu», écrit le New York Times, donnant un aperçu de l’anxiété qui plane.
Et si Donald Trump a apparemment rassuré ses conseillers, leur assurant qu’ils ne seraient écartés, il a également dit à d’autres qu’il savait qu’il devait procéder à de grands changements, sans pour autant savoir quelle direction prendre.
Un «état de siège» parti pour durer
C’est dans cette atmosphère que les équipes du président sont retranchées, avec le sentiment que cet «état de siège» est parti pour durer, raconte le quotidien. Car la stratégie de communication de la Maison Blanche n’a pas permis de désamorcer les bombes semées par Trump et ses conseillers ne savent visiblement plus comment le défendre. En interne, le sujet suscite d’ailleurs le débat. Lundi soir, raconte le New York Times, des journalistes, dans la Maison Blanche, pouvaient ainsi entendre les éclats de voix, par-delà les portes fermées, alors que les conseillers du président débattaient de la façon dont il fallait répondre aux révélations du Washington Post, concernant les informations classifiées divulguées par Trump. Tout ça pour que, rappelons-le, le président américain lui-même avoue sur Twitter, en assurant avoir parfaitement le droit de la faire.
Face à un président si imprévisible et apparemment incapable de ne pas se mettre dans l’embarras, certains conseillers craignent même de le laisser seul lors de rencontres avec des dirigeants étrangers, rapporte encore le New York Times. Pour rendre les choses plus délicates encore, quand certains, comme le général McMaster, conseiller à la sécurité nationale, essaient de le recadrer, Trump s’irrite assez vite, selon des sources citées par le quotidien. Le président se serait ainsi plaint de voir ce dernier trop prendre la parole, lors de ses rendez-vous ou rencontres.
Et l’inquiétude ne s’arrête pas aux grilles de la Maison Blanche, le sénateur républicain Bob Corker parlant par exemple de la «spirale destructrice» qui a lieu selon lui autour du président. «Ils doivent trouver une solution pour régler cette situation», explique-t-il ainsi. Après des mois à tenter de défendre un président qui enchaîne les bourdes, les tweets et les décisions surprises, beaucoup, à la Maison Blanche, épuisés, partagent cette analyse.
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