RUSSIE : le chemin de la débâcle.
L’Histoire se souvient de l’extinction des grands empires. Très probablement, l’ère Poutine mettra fin au cycle historique de la Russie impériale qui a vécu de mal en pire ces derniers cent ans. Elle a dès à présent entamé son processus d’autodestruction.
La Russie d’aujourd’hui transpire la haine. Moscou se méfie des régions et celles-ci haïssent Moscou, capitale rassasiée et gloutonne. Personne ne regrettera la disparition de ce centre fédéral, arrogant et insatiable. Ne serait-ce que parce qu’il ne présente plus aucun intérêt pour quiconque ? Pensez-vous sérieusement que Iosif Kobzon, député de la Douma, se soucie du sort des habitants de TransBaïkalie ou par exemple que Valentina Petrenko, personnage de premier plan à la chevelure originale, s’intéresse vraiment aux peuples de Khakassia ? Non, bien sûr. Pour cette raison, après l’effondrement de l’empire, les régions libérées auront un dixième souffle. Même la Tchétchénie, après avoir profité pleinement des subsides de Poutine, tombera le masque de satellite du Kremlin et modifiera son statut.
Lorsque l’Union soviétique éclata, l’HomoSoviétique n’a pas versé une seule larme sur le sort de sa Patrie défunte. Nous ne nous rappelons pas les sanglots hystériques des Tadjiks et des Biélorusses, exigeant un retour immédiat dans le giron de l’URSS. Chacun a divorcé et commencé à vivre à l’écart. Il semble que cela se reproduira à nouveau, mais avec une différence toutefois. L’effondrement de la Fédération de Russie procurera beaucoup de désagréments aux pays civilisés. Il leur faudra assurer la sécurité sur des territoires infestés d’armes nucléaires. Comment les contrôler et éviter leur dissémination entre les mains de singes agressifs? Cela sera un véritable casse-tête pour l’Occident et l’Orient.
Un deuxième défi majeur sera de capturer les criminels de guerre qui ont organisé l’annexion de la Crimée, la guerre en Donbass et abattu le Boeing malaisien. Peut-être que Poutine et ses copains seront punis pour tout l’argent qu’ils ont volé en Russie au cours de toutes ces années de pouvoir. Ces fonds doivent être resitués conformément à la loi. Mais, étant donné que l’État russe aura cessé d’exister, il sera impossible de lui retourner cet argent. Rappelez-vous qu’après l’effondrement de l’Union soviétique, nous n’avons pas pu récupérer l’argent volé par le Parti communiste, car le pays bénéficiaire (l’URSS) avait disparu. Anatolie Tchoubaïs avait laissé entendre que l’argent du PC de l’URSS avait été retrouvé. Mais soudain, il s’est tu et a cessé d’en parler.
La seule chose qui va nous laisser le Poutinisme : c’est une masse de questions. Par exemple, comment un obscur voleur incompétent du KGB, apparu au faîte du pouvoir, a-t-il pu réduire en poussière un pays si immense? Mais ce sujet concernera les historiens, philosophes et anthropologues. L’habitant, vivant à la jointure de ces deux époques, devra endurer un stress extrême pour tenter de reconstruire une réalité nouvelle parmi des ruines encore fumantes.
En ce qui nous concerne, le principal est de ne pas rechercher dans le passé cette voie idéale qui deux fois en cent ans a conduit la Russie à l’effondrement total.
29 juillet 2015
Sasha SOTNIK
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