Rwanda: Attentat contre Habyarimana - les juges français ont terminé leur enquête
Les juges antiterroristes français Marc Trévidic et Nathalie Poux ont achevé leur enquête sur l'attentat contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994, considéré comme le signal déclencheur du génocide au Rwanda, ont annoncé mardi les avocats de la défense.
Il revient désormais au parquet de prendre ses réquisitions, avant que les magistrats instructeurs ne décident de renvoyer ou non en procès les sept proches du président rwandais Paul Kagamé qui avaient été mis en examen dans cette enquête ouverte en 1998.
L'ancien juge d'instruction Jean-Louis Bruguière avait en novembre 2006 signé neuf mandats d'arrêt contre des proches du président rwandais, ce qui avait amené Kigali à rompre ses relations diplomatiques avec la France. Ces relations ont été rétablies en 2009.
"Ce 8 juillet 2014, Mme et M. les juges d'instruction Poux et Trévidic ont décidé de mettre fin à l'instruction concernant l'attentat de l'avion Falcon survenu le 6 avril 1994 en phase d'atterrissage à l'aéroport de Kigali", indiquent Mes Léon-Lef Forster et Bernard Maingain, avocats des mis en examen.
"La défense, qui fut très patiente, attend désormais que le non-lieu soit prononcé au plus vite, en faveur des personnes visées par des mandats d'arrêt injustifiés mais très pertinemment levés par les magistrats instructeurs", ajoutent les deux avocats.
En théorie, le parquet a trois mois pour prendre ses réquisitions, un délai au cours duquel les parties peuvent également faire des observations. Le soir du 6 avril 1994, l'avion transportant notamment le président Habyarimana, un Hutu, et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira, avait été abattu en phase d'atterrissage à Kigali. Cet attentat est considéré comme le signal déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Une enquête avait été lancée en France en raison de la nationalité française de l'équipage de l'avion. Soupçonnant un commando du Front patriotique rwandais (FPR, aujourd'hui au pouvoir) de s'être infiltré à travers le dispositif des Forces armées rwandaises (FAR), pour abattre l'avion, le juge Bruguière avait lancé neuf mandats d'arrêt contre les proches du président Kagamé.
Sept d'entre eux ont été mis en examen entre 2008 et 2010. Le huitième, entré en dissidence, est actuellement réfugié en Afrique du Sud tandis que le dernier serait décédé. Une commission d'enquête rwandaise a au contraire imputé la responsabilité de l'attentat aux extrémistes "Hutu Power" des FAR qui auraient voulu se débarrasser du président Habyarimana, jugé trop modéré, pour faciliter un coup d'Etat.
Kigali s'était estimé conforté par les expertises techniques présentées début 2012 par les juges d'instruction qui avaient cité comme zone de tir des missiles "la plus probable" un camp alors tenu par la garde présidentielle rwandaise.
Pour les parties civiles, ces expertises n'offrent aucune certitude sur l'identité des tireurs et des commanditaires. Les juges d'instruction ont rejeté l'automne dernier une demande de non-lieu faite par les mis en examen.
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