RWANDA-RDC : Kagame a tué Kabila Père, interview de Kabarebe

Publié le par veritas

 

Kagame , kabarebela réponse James Kabarebe  à J.A/intelligent : "Nous nous sommes rapidement rendu compte de notre erreur d'avoir offert la direction de l'AFDL à Kabila père......." et tout le monde connaît la suit
 
J.A./L'INTELLIGENT : Vous avez bien connu Joseph Kabila...
 
 
 

James Kabarebe : Je l'ai connu en 1996, quand il est arrivé avec son père Laurent-Désiré au Rwanda. Ils ont d'ailleurs habité chez moi, à Kigali. Joseph venait de terminer ses études supérieures. À cette époque, nous avions pris le contrôle de quelques villes zaïroises et nos forces avançaient sur Kisangani. Au front, la vie était assez difficile. Quand je revenais à Kigali, je demandais à Kabila père de me confier Joseph. À chaque fois, il trouvait une excuse. Il prétendait avoir besoin de lui pour des missions diplomatiques. Une fois, je suis revenu à la maison avec un uniforme. J'ai dit à Kabila que Joseph devrait apprendre le métier des armes et que l'AFDL était la meilleure école. Il a fini par accepter. Joseph a eu les pires difficultés à s'adapter à la vie de soldat. Cela se voyait lors des échanges de tirs. Il ne savait pas quoi faire. Je lui ai donc tout appris. Après la chute de Kisangani, je lui ai donné quelques tuyaux pour affronter la presse internationale. Nous avons même dû répéter, et je jouais le rôle du journaliste. Découragé, il a failli laisser tomber, et j'ai dû crier : « C'est toi qui es censé avoir pris Kisangani, pas moi ! » 

 
 

Une fois Kinshasa tombée, Kabila m'a demandé d'organiser son armée. Il fallait que j'en réfère à Kigali. Refus de mes supérieurs. J'ai alors proposé que Joseph soit le chef d'état-major et que je sois son conseiller à distance, mais Kabila a insisté, arguant que son Joseph n'avait pas le background militaire suffisant. J'ai reçu le feu vert de Kigali et j'ai accepté, à une condition : que Joseph soit mon assistant. Nous étions donc tout le temps ensemble, d'où les rumeurs que nous étions frères. 

 
J.A./L'INTELLIGENT : Son arrivée au pouvoir a été présentée comme une chance pour la paix. Qu'en pensez-vous ?
 
 
 

James Kabarebe : Joseph est différent de son père. Autant Laurent-Désiré était fourbe, autant le fils est timide. Il est incapable de regarder les gens en face. Je n'ai jamais perçu chez lui une quelconque aptitude au commandement. Son père ne lui a pas fait un cadeau en lui léguant un entourage machiavélique. Ils le connaissent tous, savent tout de ses faiblesses. Ajoutez à cela l'intervention de Robert Mugabe et vous comprendrez pourquoi Joseph ne peut décider de rien. Ce sont les Zimbabwéens qui assurent la sécurité présidentielle, et l'armée congolaise est encadrée par les ex-Far. La réélection de Mugabe n'augure rien de bon. 

 
J.A./L'INTELLIGENT : Vous évoquez l'entourage de Joseph Kabila. C'est le même que celui que vous avez connu quand vous étiez chef d'état-major de l'armée congolaise. Pourquoi ne pas avoir attiré, alors, l'attention de Laurent-Désiré Kabila ?
 
 
 

Enfant soldatJames Kabarebe : Mais je l'ai fait. Nous nous sommes rapidement rendu compte de notre erreur d'avoir offert la direction de l'AFDL à Kabila père. Je regrette amèrement de ne pas avoir lu, à temps, les Mémoires de Guevara. Ce livre dépeint les contours flous de la personnalité de Laurent-Désiré Kabila. J'aurais été averti. Je ne devrais pas parler en ces termes d'un mort, mais Kabila était tout sauf un homme d'État. Quand Kinshasa est tombé, je l'ai appelé au téléphone pour l'en informer. Savez-vous quelle a été sa réaction après un assourdissant cri de joie ? « Young Man, nous allons lever une armée de 600 000 hommes et sous ton commandement nous délivrerons l'Afrique. » J'ai dû m'employer à lui enlever cette idée de la tête. À peine a-t-il raccroché qu'il s'est adressé aux médias internationaux pour s'autoproclamer président du Congo, sans en référer à ses partenaires de l'AFDL. 

 
 

Il était d'une cupidité sans pareille. Lors de la chute de Lubumbashi, les notabilités de la ville lui avaient offert deux bourses pleines de diamants. Du coup, il a donné instruction à ses gardes de s'éloigner de lui, de peur qu'ils ne profitent des mouvements de foule pour lui faire les poches. Son côté fourbe, nous l'avons découvert au fur et à mesure des victoires. Il en accordait la paternité à des gens qui n'avaient pas tiré une balle, il écartait les personnalités politiques qui avaient forgé sa réputation. Une fois au pouvoir, il s'est mis à arrêter les hommes d'affaires congolais et les personnalités politiques. Ce qui a provoqué des manifestations populaires. Il m'a demandé de tirer sur la foule. J'ai refusé de tuer des civils et lui ai précisé que les problèmes politiques devaient être traités par le ministère de l'Intérieur et non par une armée en cours de formation. Kabila avait horreur d'être contredit. Il a commencé à me pendre en grippe. 

 
J.A./L'INTELLIGENT : Comment expliquer le changement d'attitude de Laurent- Désiré Kabila à l'égard du Rwanda, son allié d'hier ?
 
 
 

James Kabarebe : C'est typique de sa personnalité. Étienne Tshisekedi est un opposant historique de Mobutu. Il n'y avait aucune raison pour qu'il cesse de faire de la politique après l'avènement de Kabila. Il a donc continué à tenir des meetings et à prononcer des discours hostiles au pouvoir et au comportement autocratique de Kabila. Celui-ci m'a appelé un jour et m'a ordonné de l'arrêter. J'ai tenté de le raisonner et de lui expliquer que cela ne serait pas bon d'emprisonner un vieillard, de surcroît une figure politique. J'ai également fait part de mon étonnement de le voir me confier une tâche de police. C'est comme s'il voulait mettre cela sur le dos des Rwandais. Après cet incident, il a fait circuler des rumeurs sur la complicité des Rwandais avec Tshisekedi, reprochant à Kigali de masser des troupes le long des frontières. Il a nommé, sans me consulter, des généraux proches des génocidaires à la tête des régions limitrophes du Rwanda, avec instruction d'organiser les milices interahamwes pour qu'elles puissent lancer des opérations militaires contre mon pays. Quand je lui en ai parlé, il a nié les faits, mais il est devenu encore plus hostile aux Rwandais, désormais informés de son plan. C'est ainsi que j'ai échappé à plusieurs tentatives d'assassinat. 

 
 
J.A./L'INTELLIGENT : Des tentatives d'assassinat ? 
 
 

James Kabarebe : La plus spectaculaire est intervenue en mai 1998. Laurent-Désiré Kabila était à Lubumbashi et m'a demandé de le rejoindre d'urgence. Il m'a informé qu'un hélicoptère m'attendait à la base militaire. Arrivé sur la tarmac, j'ai senti le piège et j'ai refusé d'embarquer. L'appareil a explosé quelques minutes après avoir décollé. Il a essayé à plusieurs reprises de rééditer son coup, jusqu'au jour où je me suis rendu au Palais de marbre sans y être invité. Je lui ai dit que s'il m'arrivait malheur, il ne me survivrait pas longtemps. La situation était intenable. J'en ai informé le président Paul Kagamé, qui m'a ordonné de rentrer. Pour lui transmettre ce message, j'ai exigé d'être accompagné par le général Celestin Kifwa, patron de la police, en lui précisant qu'au moindre coup fourré, je l'abattrais de mes mains. Kabila a demandé d'organiser notre départ. Il n'y avait plus que 199 Rwandais à Kinshasa, je suis parti en dernier. 

 
 
J.A./L'INTELLIGENT : Quelle a été l'attitude de Joseph Kabila, qui était votre adjoint ? 
 
 

James Kabarebe : Il était déjà l'otage des faucons. Je n'ai jamais pu avoir une réunion en tête à tête avec lui. Il y avait toujours des émissaires de Kabila. Tantôt c'était Mwenze Kongolo, alors ministre de la Justice, tantôt c'était le général Kazadi. Joseph était devenu de plus en plus hostile et nos entretiens étaient orageux. 

 
J.A./L'INTELLIGENT : L'avez-vous contacté depuis son arrivée pouvoir ?
 
 
 

James Kabarebe : Quand Laurent-Désiré est mort, j'ai appelé Joseph pour lui présenter mes condoléances. Je lui ai rappelé le bout de chemin que nous avions effectué ensemble et les sacrifices de mon pays pour le sien. Je lui ai demandé de saisir l'occasion pour donner au Congo une nouvelle direction. Pour cela, il pouvait compter sur mon soutien et celui du Rwanda. Il m'a remercié et a affirmé qu'il avait conscience des dangers que présente son entourage. Je ne l'ai pas rappelé depuis. 

 
J.A./L'INTELLIGENT : Pourquoi ?
 
 
 

James Kabarebe : Connaissant le personnage, j'ai peu d'espoir qu'il se débarrasse des faucons. Ils sont désormais dans tous les rouages politiques, militaires et économiques. Ils sont prêts à tout pour préserver leurs rentes et privilèges. Y compris à se débarrasser de Joseph, et il en est conscient. 

 
J.A./L'INTELLIGENT : Combien coûte à l'économie rwandaise votre corps expéditionnaire au Congo ?
 
 
 

James Kabarebe : Je suis tenté de vous répondre comme je l'ai fait à propos des pertes humaines. Nous ne sommes au Congo que contraints. Ce n'est pas la RDC qui est otage du Rwanda, mais le Rwanda qui est l'otage d'une situation qui peut provoquer un nouveau génocide. Cela dit, l'armée rwandaise opère à moindre coût. Il n'y a ni blindés ni aviation. Nos déplacements se font à pied et la vie de nos soldats est des plus frugales. Ce qui s'écrit ici ou là sur les moyens militaires engagés par le Rwanda est dénué de tout fondement. Nous avons fini par apprendre à vivre avec l'hostilité des médias et des organisations internationales. 

 
Est-ce le rapport de l'ONU sur le pillage des ressources de la RDC qui vous fait dire cela ?
 
 
 

Je pense à tous les lobbies qui agissent, dans l'ombre ou à visage découvert, contre les intérêts du Rwanda, qui nient ou minimisent l'ampleur du génocide et qui sont convaincus que ce sont des motivations économiques ou financières qui expliquent notre présence au Congo. J'aimerais dire aux Congolais que leur problème n'est pas la présence de l'armée rwandaise sur leur territoire, mais l'absence d'un État dans ce pays depuis quatre décennies. Dans la partie de la RDC que nous contrôlons, les Congolais peuvent témoigner que nous avons rétabli la sécurité, ouvert des axes routiers et permis aux déplacés de quitter la forêt, de revenir dans les villes, de reconstruire leur maison, d'avoir accès aux soins et à l'école. 

 
 

Avant de nous reprocher d'avoir pillé l'économie congolaise, on nous avait déjà accusés d'avoir perpétré, en 1997, des massacres de réfugiés rwandais lors de l'avancée de l'AFDL. Rien n'est plus absurde. Aujourd'hui encore, nous tentons de récupérer les miliciens qui se battent contre nous pour les convaincre de revenir dans leur pays affronter la justice et réintégrer la société rwandaise. J'ai évoqué la présence parmi nos troupes d'officiers des ex-Far. Ils sont en première ligne pour essayer de persuader ceux qui se battent encore de revenir à de meilleurs sentiments. 

 
 
Restent les accusations de pillage.... 
Comment peut-on sérieusement penser que le Rwanda est capable d'exploiter les mines de diamant ou de cuivre en RDC, alors que nous n'avons aucun matériel d'extraction ? Nous ne disposons ni de la technologie nécessaire ni des ressources humaines suffisantes pour le faire. Maintenant, si vous pensez à l'impôt prélevé par le RCD, il s'agit d'une administration qui accomplit les tâches dévolues à un État qui n'existe pas. Le Rwanda n'a rien à voir avec cela. Si ces accusations ont pour objectif de nous faire quitter le Congo pour que les génocidaires et les ex-Far continuent leurs opérations de déstabilisation, je répondrai ceci : nous quitterons le Congo le jour où notre sécurité sera garantie.
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