RDC: Bill Richardson à Kinshasa

Publié le par veritas

RichardsonA quelques heures de la proclamation par la Commission électorale nationale Indépendante (CENI) des résultats provisoires de l’élection présidentielle, la tension ne cesse de monter en République démocratique du Congo, Au point ou certains craignent même le risque d’une confrontation ouverte ou d’une explication musclée entre l’opposition conduite par l’UDPS et la CENI et la Majorité présidentielle. Des sources diplomatiques, l’on apprend l’arrivée à Kinshasa dans quelques heures, de M. Bill Richardson, le négociateur américain, sur invitation du National Democratic Institute (IDI).


 Selon des sources concordantes, M. Richardson va tenter d’initier un dialogue entre les acteurs politique de la Majorité présidentielle et ceux de l’opposition pour trouver un terrain d’entente face la situation actuelle marquée par une tension après la publication par la CENi des résultats partiels. «  M. Bill Richardson va tenter de désamorcer la bombe, c’est-à-dire de faire accorder les violons entre le pouvoir en place, la CENI et l’opposition pour éviter une situation explosive au pays », a déclaré M. Richard Matela de la société civile congolaise.


Du côté du Département d’Etat américain, l’on souligne que M. Bill Richardson vient en RDC sur invitation des organisations de la société civile et qu’il n’engage pas le gouvernement américain du fait qu’il n’est pas un officiel et qu’il travaille pour le compte du State Department. La question que bon nombre d’observateurs se posent aujourd’hui est celle de savoir quel genre de négociation M. Bill Richardson pourra t-il menée en RDC ? Surtout lorsque l’on sait que l’on se trouve déjà dans une situation de non retour avec une opposition qui rejette en bloc les résultats partiels publiés par la CENI et une majorité qui n’est pas prête aux négociations.

Selon des sources concordantes, Bill Richardson va demander aux candidats à la Présidentielle de tenir publiquement et à l’adresse de leurs partisans un discours d’apaisement avant l’annonce des résultats du scrutin. Il va ensuite demandé à la CENI de remplir son mandat avec toute indépendance et l’intégrité requises et demande que toute éventuelle contestation des résultats se fasse par la voix légale appropriée, sans aucune interférence politique ou quelconque. L’homme d’Etat américain va, à coup sûr tenter d’amorcer un dialogue entre l’opposition, la CENI et la Majorité présidentielle. Comme l’on peut donc le voir, la tâche s’annonce donc ardue pour l’émissaire américain.


Le dialogue


L’on se souvient qu’au mois de septembre 2011, M. Bill Richardson est venu à Kinshasa pour soutenir tous les acteurs politiques engagés dans le processus électoral. « La République démocratique du Congo va organiser des élections qui seront suivies à travers le monde. Il y a beaucoup de défis à relever pour la réussite de ce scrutin. Et je crois à la volonté et au sens de responsabilité des Congolais pour relever ces défis et réussir l’organisation des élections du 28 novembre 2011 », a affirmé M. Bill Richardson après ses entretiens avec les acteurs politiques congolais et les membres de la Société civile. Selon lui, les acteurs politiques congolais devaient continuer à dialoguer durant le processus électoral en cours pour que les élections soient libres, démocratiques, transparentes et apaisées. Malheureusement, force est de constater qu’aujourd’hui, plus d’une semaine après les élections, il y a une crise de confiance entre d’une part l’opposition et la CENI et d’autre part entre l’opposition et la Majorité présidentielle.


L’espoir


Depuis l’annonce de résultats partiels par la CENI, l’opposition conduite par l’UDPS de M. Etienne Tshisekedi multiplie des signes de protestation qui laisse entrevoir un bras de fer entre elle, et la CENI, et la Majorité. Dans une déclaration faite le week-end dernier, quatre des onze candidats à l’élection présidentielle ont demandé une médiation africaine ou internationale pour éviter un climat post électoral marqué par la violence.

Pour faire face à ce climat de tension qui couve et surtout devancer d’éventuelles actions de l’opposition, le gouvernement congolais a pris une série de mesures conservatoires qui sont notamment l’imposition d’un couvre feu dans la ville de Mbuji-Mayi, chef lieu du Kasaï Oriental, théâtre des affrontements sanglants lors de l’élection présidentielle et législatives du lundi 28 novembre 2011, la mise en place d’un dispositif de sécurité (police et armée) draconienne à Lubumbashi qui a connu des attaques de groupes rebelles le jour des élections présidentielles et législatives, le renforcement de la police à Kinshasa pour prévenir toute manifestation susceptible de troubler l’ordre public, la suspension depuis le samedi 3 décembre 2011 des services SMS. « Visiblement le pays semble se préparer au pire. Il est important que les acteurs internationaux s’impliquent immédiatement sous peine de porter la responsabilité de graves violences qui risque de mettre en péril le fragile processus de démocratisation de la République démocratique du Congo », a déclaré un diplomate. Pour certains observateurs l’arrivée de Bill Richardson, son charisme et surtout son art dans les techniques de négociations sont là des atouts qui laissent croire que les violons vont finalement s’accorder entre les acteurs politiques congolais ; qui il faut le souligner disent tous agir au nom du peuple.

Wait and see.


Luc-Roger Mbala Bemba

  

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