Les envoyés spéciaux pour les Grands Lacs «préoccupés» par le Burundi
Tom Perriello, le nouvel envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands Lacs, souhaite un «retour à la table des négociations de toutes les parties» (photo prise en 2009)
Les envoyés spéciaux pour les Grands Lacs étaient réunis hier à Genève pour parler du Burundi. Une réunion à une date toute symbolique puisque c'était le 15e anniversaire de la signature de l'accord d'Arusha, l'accord, qui a mis fin à une dizaine d'années de guerre civile dans le pays. Mais à l’issue de cette réunion, les participants à la réunion ont fait part de leurs inquiétudes.
Dans un communiqué conjoint, les émissaires de l'Union européenne, de l'Union africaine, de la Belgique, des Etats-Unis et des Nations unies se sont dits très préoccupés par la détérioration du contexte politique, économique et sécuritaire au Burundi, et ont à nouveau appelé au dialogue.
Alors que du côté de la présidence, on insistait hier sur les progrès accomplis dans « le dialogue interne entre Burundais », mettant en avant l'entrée de l'opposant Agathon Rwasa à l'Assemblée et de ses partisans au gouvernement, les envoyés spéciaux pour les Grands Lacs persistent et signent : il faut un dialogue et un dialogue inclusif, y compris avec ceux qui n'ont pas pris part aux élections.
Veiller au respect de l'accord d'Arusha
« Nous pensons que ce n'est pas trop tard pour que le Burundi retrouve le chemin de la paix et de la stabilité, explique Tom Perriello, le nouvel envoyé spécial américain pour les Grands Lacs,mais cela demande un retour à la table des négociations de toutes les parties, sous l'égide de la communauté est-africaine. Et le plus tôt sera le mieux parce que la situation reste très critique. »
« Un dialogue sous l'égide de la communauté est-africaine, mais avec l'appui de l'Union africaine et des Nations-Unies », précisent les envoyés spéciaux. Un dialogue « qui devra veiller au respect de l'accord d'Arusha signé il y a tout juste 15 ans », écrivent-ils encore. Cet accord, rappellent-ils, a largement contribué à la stabilité du Burundi pendant plus d'une décennie. Et pour finir, les envoyés spéciaux lancent un appel à toutes les parties à rejeter tout acte de violence.
Pour Willy Nyamitwe, « le président n’a fait que répéter ce qui est déjà cours »
En marge de la réunion des Envoyés spéciaux, l’américain Tom Perriello s’est par ailleurs inquiété des propos « va-t-en-guerre » du président Nkurunziza, lors de son discours à la nation, et notamment d’un langage tendant à brouiller la distinction entre civils et forces de sécurité. L’envoyé spécial des Etats-Unis a également rappelé le rôle controversé des Imbonerakure, la jeunesse du parti au pouvoir. Willy Nyamitwe, le conseiller en communication du président Nkurunziza, lui a répondu. Verbatim.
« Il y a une stratégie nationale de la sécurité, et cette stratégie existe déjà depuis l’année passée. Des comités mixtes de sécurité ont été mis en place sur les 3200 collines de notre pays. Alors personne ne devrait s’inquiéter, parce que ces comités mixtes comprennent des gens qui proviennent de tous les partis politiques, de la société civile, de l’administration, de la police, de la justice. Cela a déjà fonctionné et bien fonctionné. Le président n’a fait que répéter ce qui est déjà cours. Nous devons le renforcer, afin que ces comités mixtes soient sérieusement opérationnels. On ne peut pas laisser le pays entre les mains de gens qui veulent poursuivre des assassinats ciblés. Il faut que la population parvienne à collaborer avec la police, la justice, et l’administration, pour pouvoir mettre la main sur tous ces fauteurs de trouble. »
RFI