RDC: La balkanisation de la RDC et le marché commun de l’Afrique de l’Est

Publié le par veritas

   

Où est-en le projet de balkanisation de notre pays ? La réponse à cette question ne viendra pas des chroniques rédigées sur notre pays au quotidien. Mais des analyses géopolitiques et géostratégiques pointues menées par ceux et celles qui s’intéressent à l’avenir du monde et qui ont lu Le grand échiquier de Brzezenski. Une parenthèse. Plusieurs d’entre nous se laissent abuser par le commentaire fait au quotidien par les médias dominants et leurs supplétifs sur notre pays. Ils passent à côté des analyses de fond traitant des décisions prises par ceux qui croient être les maîtres du monde pour en redessiner les cartes. Ils sont les proies faciles du discours dénonçant la bouc-émissairisation dans laquelle seraient tombé(es) les Congolais(es) irresponsables. De plus en plus, des compatriotes dits progressistes ne cessent de nous rabâcher les oreilles avec ce refrain : « Si le Congo va mal, c’est notre faute ». Ce jugement sans nuance est rarement inspiré par une analyse froide des méthodes utilisées par « les maîtres du monde » pour casser tous les verrous de souveraineté des peuples. Et cela à travers le monde entier. Aussi nous laissons-nous abuser par les discours officiels de ceux et celles qui, en privé, entre eux, avouent qu’ils doivent recourir à la politique du smart power, à la politique du bâton et de la carotte, pour protéger et/ou atteindre leurs intérêts.

Quand Roger Bongos, loin de Paris, interroge Jean-Michel Vernochet (dans les belles Iraniennes dans leurs vrais visages contrairement aux clichés occidentaux. Entretien avec Jean-Michel Vernochet mis sur nos fora en ligne le 06 novembre 2010), certaines vérités sont crachées. Contrairement aux fanatiques du pouvoir d’occupation chez nous, Roger Bongos nous permet d’apprendre que les initiateurs du projet de la balkanisation de notre pays n’y ont pas renoncé. Inspirés par Le grand échiquier, ils sont les artisans de l’impérialisme intelligent cherchant à briser nos verrous de souveraineté en dépeçant le Congo pour alimenter le marché de l’Afrique de l’Est en matières premières ; lesquelles matières pourraient atteindre les lieux de leur usage en passant facilement par l’océan Indien. Le marché de l’Afrique de l’Est comprendrait le Rwanda, le Kenya, la Tanzanie et les Kivu. Ce projet a un aspect fin. Celui-ci n’apparaît pas à travers les déclarations officielles.

Quand Roger Bongos a mis l’entretien réalisé avec Jean-Michel Vernochet sur la toile, nous avions cru qu’il susciterait un débat sérieux sur les questions géostratégiques et géopolitiques auxquelles notre pays est en proie. Malheureusement, ce sont les attaques dirigées vers des individus qui attirent un peu plus l’attention sur nos fora. Moralité? Nous restons, pour la plupart d’entre nous, superficiels. Nous n’avons pas la capacité d’aborder les questions de fond.

Suivre un entretien sérieux pendant une heure sur la toile n’est pas possible pour plusieurs d’entre nous.

Il est possible que le titre donné par Roger Bongos à son entretien n’ait pas suscité un grand engouement. Qu’est-ce que les Congolais dont les grands-mères, les mères, les femmes, les sœurs et les filles sont violées par les forces de l’occupation auraient à voir avec les belles Iraniennes ? Un titre faisant allusion aux analyses géoénergétiques, géopolitiques et géostratégiques de Jean-Michel Vernochet aurait peut-être favorisé un attrait et un débat plus constructif sur notre avenir collectif. (Espérons que cet article poussera les curieux à auditionner cet entretien !)

De toute façon, nous nous faisons de plus en plus une idée sur la qualité de nos débats sur nos fora en ligne : souvent, ils n’ont pas de fondements historiques, géopolitiques et géostratégiques solides. Souvent, nous estimons que nos titres académiques suffisent pour leur donner quelque crédibilité. Or, une distance déconstructive pourrait nous aider à comprendre que nous avons, pour certains d’entre nous, accumulé un savoir livresque qui n’est pas d’un grand secours pour notre pays. Nos diplômes ne nous auraient appris ni à apprendre après leur octroi, ni à remettre en question les théories apprises en questionnant les faits.

Combien de compatriotes savent, encore aujourd’hui, que dans leur projet de redessiner la carte de l’Afrique, les USA devaient s’en prendre au Congo après une opération appelé abusivement Restore Hope en la Somalie ? Leur projet ? Reconstruire (redessiner la carte de l’Afrique) par blocs. « Quittant la Somalie, les Américains déposèrent armes et matériels sur l’aéroport d’Entebbe, en Ouganda. Ils décidèrent d’agir désormais par armées africaines interposées et mirent au point le programme ACRI, African Crisis Initaitive. » (C. BRAECKMAN, Les nouveaux prédateurs. Politique des puissances en Afrique centrale, Paris, Fayard, 2003, p. 51) Il arrive qu’énervés par les travers de certains articles publiés par Colette Braeckman, nous refusions de nous en servir comme référence. Mais pour ceux et celles d’entre nous qui savent que ses livres sont le produit de la mise ensemble de plusieurs de ses chroniques, lire cette dame peut conduire à dénicher certaines vérités sur ce qui se passe chez nous aujourd’hui et à mettre le doigt sur certaines de ses contradictions. (N’oublions surtout pas que plusieurs de nos compatriotes de la société civile ont informé, en tant que témoins des faits, la journaliste du journal Belge Le Soir.) Passons !

La guerre d’AFDL des années 90 s’inscrit dans le projet US de redessiner la carte de l’Afrique centrale. Au cours de l’année 1996, « Stephen Metz avait communiqué au Pentagone un document de travail consacré au possible démantèlement du pays : certains spécialistes de l’Afrique comme Marina Ottaway abondant dans le même sens. Zartmann et autres distinguées professeurs en voyaient pas d’autre avenir. » (Ibidem, p. 56)

La presse britannique abondait dans le même sens. «Quant aux journaux américains, ils publièrent, dans les années 1996-1997, de très nombreux articles et éditoriaux reprenant l’hypothèse d’un démembrement du pays, à l’instar de l’International Herald Tribune, qui écrivait le 19 décembre 1996 que le Congo était le « résultat d’une union impossible, non naturelle. La frontière coloniale ne pourra éternellement être considérée comme sacro-sainte. » » (Ibidem, p.56)

De 1996 à 2010, quatorze ans se sont écoulés. Plusieurs d’entre nous ont oublié l’existence de ce projet. Mais pas ses initiateurs. Est-ce un hasard qu’Africom opère à partir du pays ayant tracé la frontière coloniale? Est-ce un hasard que ce pays, l’Allemagne, participe du projet de déposséder le Congo de ses ressources naturelles en ayant le Rwanda comme allié ?

De 1996 à 2010, quatorze ans se sont écoulés. Mais pour les capitalistes sauvages, quatorze ans c’est comme un jour. Un jour c’est comme quatorze ans. Ils poursuivent leur œuvre subrepticement. Dans l’entretien accordé par Roger Bongos à Jean-Michel Vernochet, ce dernier revient là-dessus en affirmant que ce projet est plus subtil que nous ne le croyons.

Ceux et celles d’entre nous qui connaissent l’importance accordé aux think tanks par les USA et leurs alliés savent qu’ils ne renoncent pas facilement à un projet minutieusement étudié. Ils y investissent tous les moyens. Le travail en réseau compris.

Quand certains d’entre nous, influencés par les médias dominants et leurs supplétifs affirment que les seuls fautifs c’est nous, ils ne tiennent pas compte de tous les moyens investis dans ces basses besognes par ceux qui croient être les invincibles maîtres du monde: les moyens intellectuels, politiques, économiques et militaires ; mais aussi tout le mensonge et toute la désinformation orchestré par les médias dominants et les élites au solde du marché initié par l’impérialisme intelligent.

Pour notre part, nous estimons que face à la disproportion des moyens, la résistance congolaise relève du miracle. Mais aussi de l’amour que les véritables patriotes et leurs amis ont pour un Congo uni ; dans sa configuration actuelle. Sauront-ils tenir encore longtemps avant que ne soient brisés les ressorts de cette résistance que sont aspiration à l’auto-détermination, notre soif de liberté, d’égalité et de bonheur national brut partagé ? Peut-être !

A condition que nos actions de résistance soient alliées à une activité permanente de la pensée. D’une pensée en réseau. D’une pensée ravivant une mémoire collective responsabilisante.

Africatime

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