Les FDLR ne sont qu’un prétexte pour justifier les exactions contre les populations civiles congolaises.

Publié le par veritas

Parlant de la guerre à l’Est de la R.D. Congo, Lambert Mende, Ministre de la Communication a fait la Parlantrévélation suivante : « Nous détenons la preuve que Ntaganda et une poignée des mutins sont, au moment où nous parlons, confinés dans un réduit entre les collines de Runyonyi et de Mbuzi ensemble avec Makenga qui ne dirige donc pas une prétendue rébellion distincte de la mutinerie initiée par son chef de file Ntaganda. S’y trouvent aussi, les officiers Ndahuye, Zimulenda, Sadam, un chef coutumier prénommé Erasto et le colonel Mandevu, un des principaux chefs des FDLR dont Ntaganda et consorts ont toujours pris prétexte de la présence de la présence en terre congolaise pour justifier leurs exactions ». (Le Journal LE PHARE, Lundi 21 mai 2012).

               aaaaaaaaamendemi

Il a fallu du temps pour qu’un porte-parole du gouvernement de Kinshasa reconnaisse que les FDLR ne sont qu’un prétexte pour justifier les exactions contre les populations civiles congolaises. Si Lambert Mende ne retire pas cette déclaration dans les jours à venir, on peut espérer que le gouvernement Matata tirera toutes les conclusions de cette vérité ancienne que les analystes de BLO n’ont cessé de dire haut et fort sans se faire entendre de décideurs congolais.


La vérité est qu’il n’existe plus des FDLR menaçant le Rwanda comme celles créées en 2001 sur les ruines des FAR du Régime de Juvénal Habyarimana. Il en est de même des ADF-NALU et du LRA. Sous ces étiquettes, il y a des forces répressives créées directement ou indirectement par le Rwanda, l’Ouganda voire la RDC, pour servir le pillage des ressources naturelles du Kivu-Ituri. Le rôle de ces milices est d’administrer le choc aux populations congolaises perçues comme obstacle à l’avènement du capitalisme sans visage humain (pour ne pas dire sauvage) dans la région des Grands Lacs africains. C’est ainsi par exemple que la sauvegarde des gorilles de montagne est plus financée que la sécurité des milliers des déplacés congolais. Il en est de même de l’éviction sans préavis des populations aux alentours du Parc National des Virunga où se font des explorations pétrolières. Aussi, au mois de novembre 2011, les chars de combat étaient déployés dans les rues contre les populations congolaises qui fustigeaient les fraudes électorales. Aujourd’hui, dans les villes et cités du Kivu-Ituri où les attaques des mutins du M23 sont monnaie courante, il n’y a pas des chars de combat. Il n’y a même pas un déploiement militaire conséquent pour rassurer les civils pour la simple raison que les différentes milices sont au service du même patron. Pour obtenir ce qu’il veut, ce patron envoie la milice de son choix pour attaquer les civils d’un tel village. Deux jours après l’attaque, il envoie une autre milice soi-disant pour remettre de l’ordre. Mais en fin de compte, c’est toujours les civils qui paient les frais. Le bilan dans les rangs des milices n’est jamais connu car il se pourrait qu’il n’y en ait pas. Il n’est pas impossible que les combattants dans ces différentes milices soient manipulées par le patron qui seul connait le secret du jeu ! En ce titre, les combattants sont aussi des victimes de la manipulation de leur patron.


Le rapport de 2009 de Global Witness avait déjà démontré que les Fardc, le CNDP et les FDLR étaient toutes des forces engagées dans l’industrie extractive des minerais au Kivu-Ituri. Les Fardc et les FDLR contrôlent les carrières d’extraction où les travailleurs reçoivent un salaire d’esclave. Le CNDP assure, quant à lui, le transport des minerais vers le Rwanda, le Burundi, et l’Ouganda. Cette façon de travailler coûte moins cher aux exploitants qui n’ont aucune responsabilité sociale et qui ne craignent pas des grèves des travailleurs ou des syndicats comme on en trouve dans les pays socialistes. Les meilleurs travailleurs du capitalisme sans visage humain sont les hommes en armes, ceux qui travaillent sous un commandement et une discipline militaires exactement comme du temps de la terreur du caoutchouc rouge sous l'Etat Indépendant du Congo de Léopold II, roi des belges.


Selon le belge Filip Reyntjens, les FDLR ont cessé d’être une menace pour le Rwanda depuis 2003 (The Great Africa War..., 2009, p. 209) En novembre 2003, les généraux des FDLR avaient quitté le maquis pour rejoindre les rangs de l’armée rwandaise avec à la tête le Général Paul Rwarakabije. Depuis lors, les FDLR ne sont plus une menace ni pour le Rwanda ni pour les Tutsi vivant en R.D.Congo. C’est ainsi qu’en 2010-2011, on a vu revenir au Kivu (cas de Luofu en Territoire de Lubero) des FDLR qui étaient rapatriés au Rwanda par la MONUC dans les années 2004, parce qu'ils n'étaient plus une menace pour les Tutsi congolais.


Selon plusieurs sources, en 2007, Kigali avait fait signer des accords de collaboration entre les Tutsi et les Hutu congolais pour permettre au Rwanda d’accomplir sans entraves sa mission en terre congolaise. Les Tutsi et les Hutu congolais qui n’avaient pas vu l’opportunité de ces accords sont aujourd’hui l’ombre d’eux-mêmes et sont victimes des exactions des ‘’Faux FDLR » au même titre que les congolais de souche. Par contre les Hutu et les Tutsi signataires de ces accords, ont droit au chapitre et ne meurent que de maladie ou de vieillesse.


Dire que le CNDP ou les mutins du M23 se battent pour protéger les Tutsi congolais contre les FDLR c’est donc se moquer du peuple congolais qui vit une autre réalité sur terrain. Les congolais n’ont jamais été une menace aux Tutsi et aux Hutu. Les incidents de 1994/1995 contre les Tutsi congolais étaient l’œuvre des Ex-FAR Hutu du Rwanda refugiés à l’Est de la RDC où ils s'étaient alliés aux Hutu congolais du Magrivi ( Mutuelle des Agriculteurs des Virunga). Maintenant que les Tutsi et les Hutu se sont réconciliés, l’argument de la protection des Tutsi n’a plus de fondement. Sur terrain, ce sont les congolais qui tombent du jour au lendemain et qui constituent l'espèce humaine en voie de disparition. C’est eux qu’il faut protéger contre les forces répressives au service du pillage des minerais.


La déclaration de Lambert Mende donne ainsi  une clef de réponse à plusieurs questions et prétextes relatifs au chaos du Kivu-Ituri, notamment :

- Le prétexte de la menace des FDLR pour le Rwanda

- Le prétexte de la protection des Tutsi congolais contre les FDLR, les congolais, etc.

- La question du massacre des populations congolaises par les FDLR qui sont supposés des alliés des congolais et ennemis de Tutsi,

- La question du fiasco des opérations DDRR (Désarmement, Démobilisation, Rapatriement et Réinsertion des FDLR),

- La question du fiasco des opérations militaires conjointes Amani Leo, Rudia, Kimya, etc.

- La question de la nébuleuse des groupes armés sans objectif clair qui pillulent seulement au Kivu-Ituri et dont l’apparition dans un lieu est  souvent un signe annonciateur d’une grande attaque en route. Le cas actuel des Mai-Mai signalés au Sud Lubero où ils s’attaquent aux camps militaires (cas de Luofu et de Kasando).


Il faut donc espérer que le gouvernement Matata tirera toutes les conclusions de déclaration de Lambert Mende et que les parlementaires saisiront cette occasion pour aider le gouvernement Matata à aller jusqu’au bout de la guerre en cours afin de sortir la RDC du traquenard des FDLR –ADF-NALU-LRA-MAI-MAI dans lequel il se trouve coincé depuis 1996. La capture de Bosco Ntaganda est certes nécessaire car il a commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en R.D.Congo, mais elle ne peut pas à elle seule mettre fin à la violence au Kivu-Ituri. Le cas de Nkunda est là comme rappel. Ce qu’il faut, c’est mettre fin une fois pour toutes et dans la transparence aux prétextes CNDP/FDLR/ADF-NALU/LRA /MAI MAI par la force militaire, seul langage que ces différentes milices comprennent.


Que les medias, les ONGs, la société civile tirent aussi les conclusions qui s’imposent dans le traitement de l’information relative aux groupes armés. Continuer à utiliser la nomenclature FDLR/CNDP/M23/ADF-NALU-LRA-MAI-MAI comme des milices autonomes opposées les unes aux autres, c’est apporter de l’eau au moulin des tueurs.

Comme les noms des groupes armés anciens sont utilisés pour couvrir les opérations de pillage et de choc contre les populations congolaises, les congolais doivent corriger leur vocabulaire et se garder de parler des FDLR, ADF-NALU-LRA-MAI-MAI tout simplement parce que la radio okapi, la RFI, la Monusco, etc.  l’a dit. La déclaration de Lambert Mende qui met à nu le prétexte CNDP/FDLR est une invitation à changer de nomenclature vis-à-vis des groupes armés qui endeuillent le Kivu-Ituri. L’expression « forces d’occupation et de pillage’’ paraît plus appropriée pour désigner la nébuleuse des FDLR, CNDP, M23, ADF-NALU, LRA, NALU, MAI-MAI, PARECO, CHEKA, RUDI, RASTA, etc. dans leur configuration et mission actuelles.

 


Source :Beni-Lubero Online

 

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