Soutien du Rwanda au M23 : L'Angleterre monte la pression sur Paul KAGAME
Face aux atermoiements de Kagamé au dernier round des négociations de Kampala sur le déploiement d'une force internationale neutre, le Royaume-Uni exige du Rwanda une plus grande coopération. Il soumet le réexamen de sa coopération à un changement de l'attitude de Kigali dans la recherche de la paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Le Gouvernement britannique a accru ses pressions sur le Rwanda pour contraindre ce pays à coopérer pleinement dans les négociations visant le règlement de l'agression contre la RDC. Agression qui passe à travers une fausse rébellion dite du M-23 (Mouvement du 23 mars) et un soutien à plusieurs milices dans l'Est du pays. Dans une déclaration faite le week-end dernier à BBC, le Ministre britannique chargé du développement a fait savoir la position de son gouvernement. , Andrew Mitchell soumettait, à travers celle-ci, un éventuel réexamen de la poursuite de sa coopération avec Kigali à un engagement sans fard de ce pays dans les négociations en cours sous les auspices de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL).
« Nous attendons du gouvernement rwandais qu'il joue un rôle plus important dans les discussions qui se déroulent sous la présidence du Président Museveni du Groupe des Grands Lacs au sein de l'Union africaine et nous attendons aussi, bien sûr, du gouvernement rwandais de préciser sa position sur la question de la mutinerie, la rébellion qui se déroule par le groupe M-23 en RDC », a, en effet, déclaré l’homme d’étant britannique.
On se souvient que les dernières discussions de Kampala au sujet du déploiement d'une force internationale neutre le long de la frontière entre la RDC et le Rwanda ont achoppé sur le refus de ce dernier de voir s'impliquer la Monusco dans la démarche au motif que celle-ci est partiale en raison du fait qu'elle opère sur terrain au profit des FARDC. Bien avant cela, Kigali, reconnu comme responsable de la nouvelle crise à l'Est, continue de nier sa responsabilité. Ses officiels affirment qu'il s'agit d'une affaire interne à la RDC. Une ligne de communication contradictoire avec l'attitude du Rwanda qui, pourtant, participe aux négociations sur une question dans laquelle Kagame se dit non concernée.
En juillet dernier, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Suède et les Pays-Bas avaient rejoint les Etats-Unis en dans son actions visant à solutionner le problème de l’Est de la RDC. Toutes ces puissances occidentales avaient suspendu une partie de leurs aides au développement en faveur du Rwanda pour son soutien au M-23, comme indiqué dans un rapport de l'ONU. Londres particulièrement a suspendu une aide de l'ordre de 16 millions d’Euro (25 millions de dollars américains) destiné à l'appui budgétaire au gouvernement de Kigali. Il avait ainsi décidé d'examiner si les conditions d'aide avaient été respectées.
Cette décision britannique est d'autant plus significative - quoi que symbolique au regard du volume global de l'aide - lorsque l'on sait que le Rwanda est l'un des principaux partenaires du Royaume Uni en matière de coopération au développement.
Cette nouvelle position de la Grande Bretagne est un signe que la diplomatie congolaise a atteint un important niveau de sensibilisation sur la crise à l'Est. Pour l'heure, elle devrait pouvoir capitaliser ces nouvelles opportunités pour acculer le Rwanda jusqu'à ses derniers retranchements. Il s'agit de maintenir la dragée suffisamment haute pour couper Kigali de toute possibilité de relance de sa ligne de communication.
On sait, en effet, que Paul Kagamé cherche maintenant à gagner du temps. Il s'agit, pour lui, d'abord de réorganiser sa communication pour obtenir de nouvelles oreilles attentives. Ensuite, son soucie est de modifier les données sur terrain afin de trouver une sortie sur la pointe des pieds. Et ce, tout en trouvant de nouveaux arguments en appui à sa ligne de communication faite de dénégations.
Sous cet angle, la diplomatie congolaise se devrait de profiter de cette nouvelle attention des partenaires occidentaux. Kinshasa se doit de relancer la coopération à grande échelle. Celle qui semble geler depuis 2006. Les efforts d'assainissement du climat des affaires et la finalisation de l'adhésion de la RDC à l'OHADA devrait constituer ses atouts majeurs. Atouts dont le pays de Joseph Kabila a besoin pour attirer plus d'investisseurs occidentaux. Au finish, il s'agit, pour Kinshasa, d'offrir aux investisseurs occidentaux des opportunités prenables. Ce qui les détournerait des partenariats avec le Rwanda qui sont trop coûteuses. Puisqu'ils doivent passer par des guerres et des instabilités à l'Est de la RDC afin d'exploiter illégalement ses ressources.
Il est clair, en effet, que les minerais que le Rwanda pille au Congo ont des preneurs à travers le monde. La question est d'offrir ces mêmes minerais à des conditions beaucoup moins onéreuses pour détourner les acheteurs de l'appât des guerres coûteuses.
Source : http://afrique.kongotimes.info