Tensions à Doha : les négociations entre la RDC et le M23/AFC au bord de la rupture.

Doha, Qatar, l’atmosphère est particulièrement tendue dans la capitale qatarie, où se tiennent les pourparlers de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le mouvement M23/AFC. Ces discussions, placées sous la médiation du Qatar et soutenues par la communauté internationale, visent à mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de trois décennies dans l’Est congolais.

Le ministre rwandais de la Sécurité intérieure, Vincent Biruta, qui dirige la délégation du M23/AFC dans ces négociations, a vivement réagi à ce qu’il considère comme un parti pris manifeste des États-Unis en faveur de la RDC. En pleine séance, Biruta a menacé de quitter la salle, accusant Washington de s’écarter de la neutralité diplomatique et de «prendre fait et cause» pour Kinshasa.

La réaction américaine ne s’est pas fait attendre. Massad Boulos, conseiller principal pour les affaires africaines à la Maison Blanche, a répliqué avec fermeté : «Si vous quittez encore la table, comme cela a été le cas en décembre dernier à Luanda, cela n’empêchera pas la République démocratique du Congo d’exercer par tous les moyens, y compris par la force, son droit à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale. Et dans une telle éventualité, les États-Unis soutiendront pleinement la RDC.»

Il a également condamné la posture du M23/AFC, accusant ce mouvement de formuler des exigences qui violent de manière répétée la souveraineté de la RDC. Le processus de Doha s’inscrit dans le cadre d’une série d’initiatives diplomatiques antérieures, notamment :

• La résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies,
• Les conclusions des processus de Nairobi (Kenya) et de Luanda (Angola),
• La Déclaration des principes,
• Et enfin, l’accord bilatéral « RDC-Rwanda » signé le 27 juin 2025 au Département d’État américain, sous l’autorité du président des États-Unis, Donald Trump.

Ces efforts ont pour objectif principal de parvenir à un cessez-le-feu durable, de restaurer la stabilité régionale, et de démobiliser les groupes armés non étatiques, en particulier le M23/AFC, considéré par Kinshasa comme un mouvement rebelle appuyé par Kigali — ce que le Rwanda nie officiellement.

Les trois axes principaux des négociations :

1. L’interdiction de toute forme de soutien étatique du Rwanda aux groupes armés, notamment au M23/AFC. Un point essentiel pour la RDC, qui accuse le Rwanda de soutenir militairement et logistiquement cette rébellion.
2. Le désengagement militaire progressif : Les parties s’engagent à planifier un retrait ordonné et coordonné des troupes, dans le cadre du processus P-DDRCS (Désarmement, Démobilisation, Réintégration communautaire et Stabilisation), en lien avec les accords antérieurs. Un mécanisme conjoint de sécurité devrait également accompagner cette dynamique.
3. L’intégration conditionnelle des combattants du M23/AFC dans les forces de sécurité congolaises (FARDC et PNC) : Toute réintégration est envisagée au cas par cas, en fonction de critères stricts : condition physique, casier judiciaire, respect du droit humanitaire international, et loyauté absolue envers l’État congolais.

Il est rappelé que la RDC conserve l’entière souveraineté sur ces décisions et qu’aucune pression internationale ne pourra lui imposer d’intégrer des éléments jugés dangereux ou déloyaux.

Conclusion :

Malgré l’implication active du Qatar et la pression croissante des puissances occidentales pour parvenir à un accord, les négociations de Doha se déroulent dans un climat de méfiance et de tensions vives. La RDC insiste sur la nécessité de mettre fin au double jeu supposé du Rwanda, tandis que Kigali, via le M23/AFC, continue d’exiger des concessions jugées inacceptables par Kinshasa.

La réussite du processus de Doha dépendra désormais de la capacité des acteurs régionaux et internationaux à maintenir le dialogue, tout en exigeant des actes concrets pour une paix véritable dans la région des Grands Lacs.

Rédaction – VeritasInfo.