RWANDA: SOS pour HAGUMA
Haguma demande de l'aide
Il s’appelle Haguma ou Karangwa, Kagabo ou Basabose. Enseignant ou cultivateur, commerçant ou fonctionnaire c’est de l’histoire ancienne avant que le FPR de Kagame ne fasse main basse sur le Rwanda, qu’il a saisi comme un corps humain qu’il a étreint, très fort, jusqu’à faire jaillir tout son sang à travers les trous ouverts par les balles de Kalachnikovs.
Les gémissements, les pleurs, les cris de détresse se perdaient dans un désert de silence complice.
Haguma a eu la chance de survivre à ce carnage. Il a l’illusion de l’immortalité, car il a échappé à deux génocides. Il est fier de lui, l’entourage admire cet enseignant intègre qui s’est battu à mains nues contre les tueurs pour sauver ses voisins. Il croit en l’intelligence de l’homme qui peut être grandie par ses vertus, mais aussi tordue par ses vices. Ah ! Les vices, c’est ce qu’il faut dans ce nouvel environnement !
Le héros Haguma, qui est hutu, non pas par choix mais par naissance, n’est plus reconnu pour ses actes de bravoures par les nouveaux maîtres du Rwanda. Il est un paria ! S’il a pu sauver quelques tutsi, c’est qu’il pouvait en tuer, affirme-t-on dans les officines! Haguma est enseignant comme autrefois mais son poste est envié. Il est riche plus que la moyenne, c’est une provocation insupportable, d’ailleurs dernièrement il s’est acheté une moto ! Une erreur fatale !
Le milieu politique est inquiet, il faut apaiser la tension ambiante. Il revient au Gacaca de jouer son rôle primordial.
Il a suffit de quelques jours pour que l’injustice s’applique. Des témoins oculaires se succéderont à la barre en fil indienne, non sans sentiments de culpabilité mais avec une rectitude déroutante. Tous affirment sans équivoques, avec beaucoup d’émotions que Haguma est coupable de génocide. La sanction tombe, une peine à perpétuité est prononcée. Il est arrêté comme un chien enragé, lui qui se croyait innocent commence à douter, non pas de lui mais des autres. La mort s’approche, il le voit dans les yeux de ses juges gacaca. C’est d’ailleurs par la grâce de Dieu qu’il n’est pas abattu sur le champ pour calmer l’immense colère. La haine est à fleur de peau, prête à exploser. Les plus lâches crachent sur lui, les insultes fusent de partout !
Ce fut le dernier jour qu’il verra son village natal et sa famille qui n’eut pas le courage de lui dire au revoir. Sa femme et ses enfants se fondirent dans la masse, comme des inconnus pour échapper aux regards menaçants des justiciers.
Loin des siens, humilié, condamné pour un crime imaginaire, Haguma croupit dans une prison avec les vrais coupables, dont certains sont d’ailleurs graciés parce qu’ils avouent leurs crimes et demandent pardon aux victimes! Lui ne peut pas avouer, peut-être mentir en acceptant les crimes qu’on lui fait porter. Il refuse. Chaque jour il pense au silence des gens qu’il a protégés à ses risques et périls dont la famille Kalisa.
Sa peine est commuée en « TIG », travaux d’intérêt général pour une durée indéterminée. Il est de tous les chantiers de travaux pénibles. Ces derniers temps, il casse les pierres pour la construction de la maison d’un notable du FPR, c’est cela l’intérêt général. Son travail n’est pas reconnu, aucun salaire, il est nourri d’insultes d’humiliation quotidiennes. Il est seul à croire à son innocence. Sa famille a basculée dans la misère totale, ses enfants ne sont plus scolarisés, tous ses biens dont sa belle maison ont été saisis et vendus aux enchères pour indemnises les rescapés. Ses souvenirs sont perturbés par la famille Kalisa, qui non seulement n’a pas eu le courage de témoigner en sa faveur mais qui a bénéficié d’une partie de ses biens. Sa femme est enceinte du président de Gacaca dont les menaces et les promesses ont eu raison d’elle.
Entre se suicider et survivre dans cet océan de misère et de malheur, Haguma doute, non pas des autres mais de lui-même. Il attend le miracle divin qui ne vient pas.
Le mois passé il a perdu un œil et deux doigts coupés. C’est la sanction d’une tentative d’évasion qui a échouée. Une petite consolation tout de même, il verra moins biens ses geôliers.
Si l’enfer existe il y est déjà, d'ailleurs il est convaincu que Kagame est Lucifer, lui le patron de tous ces diables.
Haguma veut trouver le salut dans une mort qui l'arracherait de cet enfer pour l'amener au ciel.
Que lui conseillez-vous ?
Balingayabo Pierre