RWANDA : la situation est préoccupante, La Hollande veut arrêter son aide à ce pays!

Les hommes politiques néerlandais sont de plus en plus nombreux à manifester leur agacement au sujet du Rwanda. Le parti le plus important des Pays-Bas, le parti de centre droite VVD, veut geler le soutien financier à Kigali : "Au Rwanda, il se passe de plus en plus de choses que l’on ne peut plus continuer à soutenir."

Sophie van Leeuwen et Ruben Koops

Le rapport critique des Nations unies sur un génocide dans l’Est de la RDC, l’agitation créée autour de la leader de l’opposition Victoire Ingabire, actuellement en état d’arrestation. Les informations négatives concernant le Rwanda n’arrêtent pas de s’accumuler.

Le gouvernement néerlandais planche actuellement sur le budget de 2011 et a commencé à faire des calculs. Pourquoi ne pas faire des économies sur le Rwanda afin de tirer sur la sonnette d’alarme ? Une majorité se forme au Parlement en ce sens.
 
Exemple frappant
Le parlementaire Klaas Dijkhoff (VVD) qualifie la situation au Rwanda de préoccupante et veut arrêter immédiatement l’aide budgétaire. "Il se passe des choses au Rwanda qu’il est tout simplement impossible d’accepter", affirme Dijkhoff. "Un exemple particulièrement frappant est l’aide apportée par les Pays-Bas pour la mise sur pied d’un système juridique, avec par exemple la construction de prisons, alors que la leader de l’opposition Victoire Ingabire est là-bas sous les verrous."
 
Selon Dijkhoff, Ingabire ne bénéficie pas d’un procès équitable. "Elle a été écrouée, puis assignée en résidence, ensuite libéré pour être une nouvelle fois arrêtée, sans aucune preuve. Les accusations semblent avoir une motivation politique."
 
Le parlementaire néerlandais Joel Voordewind, membre de la ChristenUnie (Chrétiens unis) va encore plus loin : "Ces prisons sont utilisées pour enfermer les opposants politiques. Je ne veux pas être responsable de cette politique."
 
Point d’interrogation
Ce n’est pas la première fois que des critiques proviennent des Pays-Bas – l’un des donateurs les plus importants avec une somme de plus de 44 millions d’euros en 2010. En 2008, les 4 millions d’euros qui avaient été destinés au soutien direct de l’Etat ont été gelés après l’annonce de la participation controversée du Rwanda aux violences perpétrées dans l’Est de la RDC.
 
La parlementaire Kathleen Ferrier, du parti CDA (Chrétiens démocrates), a été l’une des initiatrices du gel budgétaire. Elle continue d’éreinter le régime rwandais et préconise une approche musclée : laissez de côté pour l’instant des 4 millions d’euros.
 
"Je ne vois pas de motif direct pour soutenir le budget du Rwanda", dit Kathleen Ferrier d’une voix ferme. "Pour moi, il y a de nombreux points d’interrogation. Mais je suis prête à me laisser convaincre par le ministre des Affaires étrangères."
 
Hors de question
La nouvelle ambassadrice du Rwanda à La Haye, Immaculee Uwanyiligira, est préoccupée par tout ce branle-bas et souhaite rectifier l’image actuelle de son pays.
 
"Nous considérons les Pays-Bas comme un grand ami" dit l’ambassadrice. "Quand nous avons eu besoin d’avoir des amis, aussitôt après le génocide de 1994, les Pays-Bas ont répondu présent. Nous ne voulons pas perdre des amis pour des raisons futiles.
 
Si les Pays-Bas arrêtent leur soutien pour des raisons de restrictions budgétaires, nous pouvons le comprendre, Mais nous n’espérons pas que les Pays-Bas gèlent leur soutien en raison de Victoire Ingabire. C’est hors de question ! »
 
"Partiales" et "très injustes", ainsi qualifie la sénatrice rwandaise Aloysia Inyumba les critiques sur son pays et le gel possible de 4 millions d’euros. Les médias et les hommes politiques ne doivent pas seulement écouter les pourfendeurs, mais aussi le gouvernement de Kigali. "Les Pays-Bas ont décidé de prendre l’initiative après toute la misère arrivée au Rwanda. Votre pays a décidé de nous faire confiance."
 
Intérêts Hutu
La parlementaire travailliste Sjoera Dikkers appelle à la prudence dans ce dossier épineux. A ses yeux, le président du Rwanda Paul Kagame reste encore l’homme qui a contribué au redressement du Rwanda après le génocide de 1994.
 
La critique actuelle, ajoute Dikkers, est principalement activée par les Hutu comme Victoire Ingabire. "Je ressens une pression importance des intérêts Hutu. Il m’est difficile de croire sans broncher à cet agenda."
 
Ce mardi, la commission parlementaire des Affaires étrangères se réunit avec l’ambassadrice rwandaise, la sénatrice et quelques autres membres de la délégation au sujet du budget. Mi-décembre, le parlement va trancher.

(source : rnw.n /afrique