Les députés du Nord-Kivu exigent le changement de « toute la chaine de commandement» des FARDC

Publié le par veritas

M23-copie-2.pngLes députés du Nord-Kivu, après avoir constaté que la situation sécuritaire actuelle dans leur province est «préoccupante, critique, dramatique et se dégrade de jour en jour» particulièrement après la prise de trois localités (Jomba, Bunagana, Rutshuru) par les mutins du M23, demandent au président Joseph Kabila de «procéder au changement de toute la chaine de commandement de l’Armée».


C’est sur un ton solennel que le Caucus des députés nationaux du Nord-Kivu a, dans une déclaration lue par son porte-parole Désiré Konde-Vila-Kikanda, recommandé vendredi 13 juillet à Kinshasa au président Joseph Kabila de «procéder dans le plus bref délai au changement de toute la chaîne de commandement de l’armée, de la police et des services de sécurité responsables de la débâcle actuelle» dans leur province.


Ils fondent leur recommandation sur des faits précis, qui «illustrent et justifient la réalité déplorable sur le terrain», commis par les groupes armés congolais (M23, Maï-Maï) et étrangers (FDLR).


«Les mutins du M23 bénéficient clairement de l’appui du Rwanda et probablement d’autres pays voisins qui n’ont exprimé aucune alerte à l’entrée du M23 à Bunagana. Ils ont profité de la relève des militaires des FARDC pour occuper les localités de Jomba, Bunagana et Rutshuru. Les militaires des FARDC, qui ont manqué de renforts nécessaires à Bunagana avant que cette localité - important poste douanier à la frontière avec l’Ouganda - ne passe entre les mains du M23, manquent à manger et sollicitent des vivres aux habitants du territoire de Rutshuru», ont-ils stigmatisé.


Bien plus, ils ont noté que «des défections dans les rangs des FARDC ont précédé cette dégradation de la situation sécuritaire sans que le gouvernement ne prenne aucune mesure préventive (et que) plusieurs officiers ont rejoint les rangs du M23».


Ils ont salué les efforts de la Monusco qui a «apporté son appui pour la sécurisation de la population à Bunagana peu avant la chute de cette localité entre les mains du M23 » et l’encouragent à « continuer à prêter main forte aux FARDC».


PLAINTE CONTRE LE RWANDA AU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le rapport des experts onusiens sur la situation sécuritaire dans les provinces du Kivu ayant prouvé l’implication de l’armée rwandaise aux côtés du M23, le Caucus des députés nationaux du Nord-Kivu a recommandé au gouvernement congolais de «déposer une plainte contre le Rwanda auprès du Conseil de sécurité des Nations unies».


L’objectif visé est que le Rwanda «cesse de servir de terrain de conception, de financement, de recrutement et de base arrière du M23 et de tout autre mouvement de déstabilisation de la République démocratique du Congo».


Le gouvernement est aussi exhorté à «inviter instamment les pays limitrophes de la RDC à ne pas servir de base arrière au M23 et à tout autre mouvement engagé dans les actions de déstabilisation de la RDC, de rejeter toute idée de négociation avec le M23 et les autres groupes armés responsables de la dégradation de la situation sécuritaire au Nord-Kivu et dans toute la partie Est du pays».


Il doit «assurer une grande campagne diplomatique autour de la situation sécuritaire à l’Est en mobilisant les membres du Conseil de sécurité, de l’Union européenne et de l’Union africaine».


POURSUITES JUDICIAIRES


Aux cours et tribunaux de la RDC, les députés du Nord-Kivu ont recommandé de « poursuivre et sanctionner les militaires présumés auteurs de trahison, d’affairisme et de détournements de la solde des militaires et d’enrichissement illicite sur le dos de leurs subalternes».

Pour les « acteurs politiques et autres leaders présumés auteurs de trahison et de complicité avec l’ennemi» identifiés par le gouvernement, ils recommandent aussi des poursuites judiciaires.


Ils attendent de la population du Nord-Kivu de «rester vigilante, unie et sereine, de continuer à soutenir les FARDC et de ne pas céder aux discours haineux et divisionnistes», de l’ensemble des Congolais de «rester solidaire de leurs compatriotes du Nord-Kivu et de l’Est de la RDC » et des jeunes de «ne pas se faire recruter ou manipuler par des acteurs politiques en mal de positionnement».


A l’Assemblée nationale et au Sénat, les députés du Nord-Kivu ont recommandé «de continuer à se mobiliser en s’appropriant la souffrance des populations de l’Est de la RDC pour la recherche d’une solution durable et définitive à la crise ».


Leur appel à la Monusco est de la voir «appliquer réellement le Chapitre VII de la Charte des Nations unies s’agissant de la protection des populations civiles ».



Angelo Mobateli
Kinshasa, 14/07/2012 (Le Potentiel, via mediacongo.net)

 

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