Affaire Habyarimana: l’enquête définitivement bouclée en France

Près de 20 ans d’investigation, plusieurs dizaines de milliers de pages de dossiers, des auditions en pagaille, sept mises en examen à l’arrivée. Au final, trois juges se seront succédé sur ce dossier extrêmement sensible.
Le premier, Jean-Louis Bruguière, avait délivré en 2006 des mandats d’arrêt contre neuf proches de l’actuel régime. Ce qui avait entraîné une rupture temporaire des relations diplomatiques entre les deux pays. Fait marquant : son successeur Marc Trévidic a effectué lui une enquête balistique sur place en 2011. Enfin, Jean-Marc Herbault et Nathalie Poux ont eux tenté de confronter un nouveau témoin à l’actuel ministre rwandais de la Défense James Kabarebe, sans succès. Ce dernier refusant la semaine dernière de se rendre à la convocation des juges français.
Du coup, le fait que le juge Herbault ait décidé de clôturer le dossier ne surprend pas Philippe Meilhac, l’avocat de la famille Habyarimana : «Il estime, lui, dans l’état, qu'il n’y a pas d’autre acte d’instruction en lien avec l’attentat auquel il peut légitiment procéder. Il y a des choses qu’il a essayé de faire la semaine dernière, une confrontation, qui n’a pas été possible. Il avait délivré fin 2016 une commission rogatoire en Afrique du Sud pour entendre le général Nyamwasa. C’est d’ailleurs ce qui avait justifié la réouverture du dossier qui était déjà fermé. Et malheureusement, il y a eu une réponse ces derniers jours avec un refus opposé par les autorités sud-africaines. C’est cela précisément qui explique sa décision ».
C’est maintenant au parquet de trancher et de décider s’il ordonne la tenue d’un procès ou l’abandon des poursuites contre les sept personnes mises en examen dans ce dossier. Des personnes proches de l’actuel président Paul Kagame.
Ce dossier est empoisonné par un contexte politico-diplomatique particulièrement pesant dans la mesure où l'actuel chef de l'Etat du Rwanda, s'il n'est pas formellement poursuivi, est bien évidemment au cœur du dossier, et que du côté des autorités rwandaises, on a cherché et on continue de chercher par tous les moyens à éviter ce procès.
RFI