En direct: tirs de sommation devant les locaux de l'ORTB à Ouagadougou

Publié le par veritas

Des manifestants par milliers à présent dans les rues de Ouagadougou où l'armée tente de maintenir l'ordre

Des manifestants par milliers à présent dans les rues de Ouagadougou où l'armée tente de maintenir l'ordre

La situation est en train de prendre une tournure violente à Ouagadougou où la foule a tenté de pénétrer dans les locaux de l’ORTB, la télévision publique. Elle en a pour le moment été empêchée par les militaires qui ont procédé à des tirs de sommation. Auparavant, le général Kouamé Lougué s’était présenté à l'antenne pour dire qu’il prenait la tête de l’État alors que l’opposante Saran Sérémé s'était apparemment vue refuser l'accès au plateau.
 
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15h30 : Notre correspondant Yaya Boudani relate que lorsque les militaires ont dispersé la foule réunie devant les locaux de l'ORTB, ces manifestants se sont alors dirigés vers la place de la Nation. Mais les militaires les ont suivis, puis ont finalement dispersé la manifestation sur la place. Pendant ce temps, d'autres membres de l'armée sont restés devant les locaux de la télévision publique, dont les programmes n'ont toujours pas repris.
 
15h05 : Les médias burkinabè véhiculent un communiqué signé Zéphirin Diabré, président de l'Union pour le progrès et le changement (UPC). Le voici en intégralité : « Le chef de file de l’opposition politique informe le peuple burkinabè, les militants et sympathisants de l’opposition et de la société civile, que les informations faisant état d’une réunion de l’opposition ayant abouti à la désignation de « présidents de la transition » sont fausses et non fondées. Les présidents de partis qui viendraient à s’autoproclamer « présidents de la transition » parlent en leurs noms personnels. Leurs propos ou actes n’engagent donc pas l’opposition Politique. Par ailleurs, le chef de file de l’opposition invite le peuple burkinabè à rester calme et serein. Il assure que l’opposition dans son ensemble est à pied d’œuvre, à côté des autres forces vives de la nation, pour une issue heureuse et très prochaine de la crise. Vive le peuple burkinabè ! Ouagadougou, le 02 novembre 2014. »
 
14h30 : Il semble que l’on se dirige à présent vers un retour au calme autour des locaux de la télévision publique. En revanche, la situation s’annonce très tendue place de la Nation, située à 2 km de l’ORTB, une zone où l’armée a pris position afin de s’en assurer le contrôle, rapporte une dépêche de l’Agence France-Presse. Les soldats ont barricadé la place pour en empêcher l'accès aux manifestants, qui protestaient à l'appel de l'opposition contre la prise de pouvoir de l'armée.
 
14h02 : La situation a subitement pris un tour nouveau et violent à Ouagadougou puisque des tirs ont été déclenchés à l’ORTB, l’Office de Radiodiffusion Télévision du Burkina. Selon l’un des envoyés spéciaux de RFI à Ouagadougou, les militaires ont procédé à des tirs de sommation alors que la foule se pressait dans le bâtiment. Cette situation est survenue après que le général Kouamé Lougué s’est présenté à la télévision pour dire qu’il prenait la tête de l’État. Quelques minutes plus tard, Saran Sérémé, une autre figure de l’opposition, n’a pas pu se présenter sur le plateau, ce qui a eu le don de mettre la foule en colère, les manifestants faisant le forcing pour pénétrer dans les locaux de l’ORTB.
 
14h00 : Malgré le soleil de plomb et alors que l’on pensait la manifestation terminée, de nombreux opposants continuent d’affluer cet après-midi vers la place de la Nation de Ouagadougou. « Il y a du monde », rapporte le correspondant de RFI qui est toujours sur place. Les manifestants attendent en fait le retour des leaders de l’opposition qui sont partis discuter avec les militaires au pouvoir. Après avoir prôné une transition à laquelle prendraient part toutes composantes du pays, les leaders de l’opposition seraient maintenant déterminés à répondre aux aspirations de la foule et à demander le départ pur et simple du lieutenant- colonel Yacouba Isaac Zida qui détient pour le moment les rênes de l’exécutif. Cette position est d’ailleurs soutenue par les médiateurs de l’ONU, de la Cédéao et de l’Union africaine qui en appellent également à une transition conduite par un civil et souhaitent une sortie de crise conforme à la Constitution.
 
13h30 : Pendant ce temps, Blaise Compaoré coule des jours paisibles à Yamoussoukro, la ville ivoirienne où il a élu domicile, après qu’on l’ait cru au Ghana, puis au Togo. Le président déchu et sa compagne Chantal occupent une luxueuse villa baptisée le « Giscardium » car inaugurée autrefois par le président français Valéry Giscard d’Estaing. En ville, les réactions oscillent entre accueil enthousiaste et franche hostilité, rapporte l’Agence France-Presse. D’un côté, Blaise Compaoré est accusé d'avoir soutenu la rébellion ayant porté au pouvoir Alassane Ouattara, après la crise postélectorale de 2010-2011 qui fit plus de 3 000 morts en cinq mois. De l’autre, certains rappellent que M. Compaoré s'était imposé comme médiateur lors du coup d’Etat manqué de 2002 qui avait profondément divisé la Côte d’Ivoire.
 
13h00 : L'envoyée spéciale de RFI à Ouagadougou a pu recueillir de nombreux témoignages place de la Nation ce dimanche matin. Ils ne laissaient guère de doutes sur le sentiment de colère éprouvé par de nombreux manifestants. En voici quelques-uns :

«On nous a confisqué notre victoire. Ça ne peut pas se passer comme ça ! Nous nous sommes battus nuit et jour », pestait un manifestant. « Nous avons veillé pour que les choses changent de façon radicale dans notre pays mais dans le sens de la positivité. Et voilà des gens qui sont restés chez eux, qui n’ont rien fait, qui ont tiré sur nos militants, et aujourd’hui qui s’accaparent le pouvoir ! »

« On est déçus parce que apparemment tout ceux qu’on avait pris et mis en prison, l’armée a contribué à les libérer comme la majeure partie des ministres, même le frère cadet de Blaise Compaoré qui se retrouve présentement au Bénin »,s’emportait un autre militant. « Mais nous, on ne peut pas digérer ça ! Ce sont des gens qui ont pillé l’argent de ce pays, il faut bien qu’ils payent ! Donc nous, on ne peut pas suivre cette armée. Ce n’est pas une armée républicaine, c’est une armée partisane ! ».

« Nous sommes toujours derrière cette opposition politique et la société civile que nous n’abandonnerons pas », poursuivait un troisième manifestant.« On voulait le départ de Blaise, il est parti. On n’a pas besoin d’un autre homme fort parce que c’est celui-là qui a les armes aujourd’hui qui veut imposer sa loi. Et il l’a imposée au sein de l’armée. Nous on ne veut pas qu’il l’impose au peuple ! ».
 
11h45 : La manifestation de Ouagadougou n’aura finalement pas eu le retentissement attendu, ne rassemblant que quelques milliers de personnes. Une relative désaffection liée entre autre à un manque de coordination, certains contestataires arrivant alors que le rassemblement, qui n'a guère duré plus d'une heure, était déjà terminé. Une situation qualifiée d'ailleurs de « rocambolesque » par l'un des correspondants de RFI qui se trouvait sur place. Face aux manifestants, rapporte-t-il, le porte-parole des opposants a dit : « Nous souhaitons que toutes les composantes de la société participent à la transition car c’est une victoire du peuple ». A peine avait-il fini son discours que le public a commencé à vociférer :
 
« On ne veut pas des militaires au pouvoir, Zida démissionne ! ». Devant la furie des manifestants, explique encore le correspondant de RFI, les leaders de l’opposition, dont Bénéwendé Sankara, ont exigé séance tenante la démission du lieutenant-colonel Zida, le chef de l’État actuel au Burkina Faso. Une rencontre est prévue entre les partis politiques de l’opposition et le lieutenant-colonel Zida, signe que la situation demeure encore confuse pour le moment.
 
11h00 : Dans un message communiqué ce dimanche matin à Washington par le département État, les Etats-Unis appellent l’armée du Burkina Faso à transférer le pouvoir aux autorités civiles. « Nous appelons l'armée à transférer immédiatement le pouvoir aux autorités civiles », a déclaré une porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki. Et il a ajouté : « les Etats-Unis condamnent la tentative de l'armée burkinabè à imposer sa volonté au peuple du Burkina Faso ».
 
RFI
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